Article sur mes deux romans, la révolution du klezmer et le chant du tambour
Article sur mes deux romans
Sur blabla blog
Rencontre avec un alter-artiste
Cette
chronique est une rencontre avec un artiste à part. Jean-Luc
Bremond est un homme discret et loin des sentiers battus. Il est
une vraie figure de ce que l'on pourrait appeler l'alter-culture.
Loin du courant mainstream, ses livres sont d'authentiques
cheminements intérieurs sur lesquelles souffle l'aventure, la
grande. "J’écris pour voyager, libérer les pensées qui
naissent dans l’expire de l’imagination et dans le souffle de
l’inspiration" dit-il lui-même. Jean-Luc Bremond a publié en
quelques mois deux romans, La
révolution du Klezmer et
Le Chant du Tambour
et (Cinq
Sens éditions). Il a bien voulu répondre à nos questions.
Bla
Bla Blog – Voulez-vous vous présenter en quelques mots ?
Jean-Luc
Bremond – Je suis né dans le Pas-de-Calais, sans m’y être
fixé. Du nord au sud de la France, villes et villages, avec un
détour en Suisse, pays d’origine du côté paternel, j’ai choisi
de vivre en communauté, où j’ai maintenant passé plus de la
moitié de ma vie. Dans ce collectif, rural et artisanal, j’ai
rencontré le Québec au-travers ma compagne, fondé une famille et
appris plusieurs métiers, dont celui de boulanger.
BBB
– Pouvons-nous dire que vous appartenez à cette catégorie
d’écrivains à la fois en marge, tout en étant engagés ?
JLB
– L’écriture est venue sur le tard. L’engagement pour
la justice et la paix, beaucoup plus tôt. Ce que je raconte vient de
l’imaginaire, fécondé par des lectures, rencontres, voyages, vie
proche de la nature, un intérêt précoce pour les peuples, leur
histoire humaine, plus que celle des conflits armés. J’essaie de
comprendre ce qui prédispose les hommes à choisir la guerre plutôt
que l’entraide et le respect ; j’oppose au racisme,
nationalisme, communautarisme, populisme, pacifisme, fondamentalisme
(…), enfermant et détruisant pour le seul profit, les simples
rapports des humains enclins à la créativité qui ouvre et
construit.
BBB
– Vous avez sorti deux romans à quelques mois d’intervalles, ce
qui est assez inhabituel. La Révolution du Klezmer et Le
Chant du Tambour. Quand ont-ils été écrits ?
JLB
– Dans l’ordre, il y a environ cinq ans. D’autres ont
suivi.
BBB
– La révolution du Klezmer se passe en Europe orientale
dans l’entre-deux guerres. La première guerre mondiale est
terminée et le monde va, dans quelques années, connaître un
conflit dévastateur, notamment pour les juifs. Pourquoi avoir choisi
les années 20 pour situer votre roman ?
JLB
– J’ai découvert la musique klezmer par la danse. En
voyageant dans les pays d’Europe centrale, j’ai pu constater que
la recherche d’identité nationale se figeait encore dans ces
années de perte de territoire, post première guerre mondiale, pour
retrouver le grand pays, la souveraineté culturelle et religieuse.
Quand m’est venue l’idée de raconter l’histoire d’un
klezmer, un musicien, je l’ai placé dans son milieu juif où, dans
les années 20, s’affrontaient ceux qui recherchaient l’intégration
pour sortir de la souffrance de la discrimination, quitte à faire
des compromis, et ceux qui voulaient y échapper par le sionisme, une
possible terre de liberté, sans concession, aveuglés par le
nationalisme. Les idéologies séparent ; la musique, ou tout
autre expression venant du tréfonds de la personnalité, pourrait
résister à la division et empêcher l’histoire de se répéter.
BBB
– En filigrane c’est la Shoah qui se dessine. On pense à cette
sinistre Garde de Fer.
JLB
– J’ai très jeune été choqué par la Shoah, révolté
contre cette ignominie ; aussi parce qu’un de mes grands
oncles s’était porté volontaire comme médecin à la libération
d’un camp d’extermination, et qu’un autre était mort comme
prisonnier, en tant que résistant, dans un autre camp. En écrivant,
je ne pouvais m’empêcher de penser à la fin tragique de mes
protagonistes. La garde de fer en Roumanie, la terreur blanche en
Hongrie, le fascisme en Italie, le nazisme en Allemagne…Par jeu
d’alliance et de collaboration, l’étau se resserrait pour ceux
que ces mouvements xénophobes condamnaient.
BBB
– Il est question dans votre roman de déracinement, de culture, de
la place du religieux. Ce sont des notions qui ont marqué votre
existence ?
JLB
– Je viens d’une famille où le religieux fait
intégralement partie d’un engagement social. Mes ancêtres
protestants ont connu la tentative d’éradication par le pouvoir
religieux ; peut-être m’ont-ils transmis dans mes gènes la
résistance par la tolérance et la culture du respect.
Je viens d’une famille où le religieux fait intégralement partie d’un engagement social
BBB
– Après le violon d’Elijah, il y a le tambour d’Achachak (Le
Chant du Tambour). Vous êtes musicien en plus d’être
écrivain ?
JLB
– Je joue de temps en temps du violon et de la flûte.
Bien que j’aspire à en faire davantage, je n’ai pas fait de la
musique une priorité. Lors des fêtes, je ressors mes instruments ;
je regrette de ne pas le faire plus souvent. En revanche, mon épouse
joue quotidiennement de la harpe ; je baigne dans un univers
musical. La musique accompagne les danses que j’anime
hebdomadairement.
BBB
– Le Chant du Tambour (éd. 5 Sens), votre dernier
roman paru, se passe au Canada, dans la tribu indienne des
Algonquins. Voulez-vous nous dire quelques mots sur cette tribu
amérindienne d’autant moins connue que lorsqu’il s’agit
d’Indiens on pense plus au territoire des États-Unis ?
JLB
– C’est une tribu vivant dans la région de
l’Abitibi-Témiscamigue au Québec. Elle a gardé tant bien que mal
sa culture et sa spiritualité ; elle a une prophétie sur la
venue des Blancs qui a pris progressivement de la place dans mon
roman.
BBB
– Pourquoi avoir choisi ces Algonquins ? Vous semblez y être
très attachés.
JLB
– J’ai choisi les Algonquins, et non les Innus, ou
Montagnais, de la région de ma compagne, suite à la lecture d’un
livre de Dominique Rankin, "on nous appelait les sauvages."
Je n’y suis pas plus attaché qu’à n’importe quels peuples
subissant le mépris parce qu’ils sont différents.
BBB
– Qu’ont-ils à nous dire à nous, Européens ?
JLB
– Le respect de la terre et de ses éléments, sous peine
d’effondrement de la planète, par notre recherche de profit, sans
égard pour les vivants. Une culture qui inclue, même l’ennemi,
pour sortir de l’anéantissement.
BBB
– Le Chant du Tambour parle de rite initiatique. C’est un
thème capital dans votre roman. Définiriez-vous Le Chant du Tambour
comme un roman initiatique, un conte ou bien un roman historique ?
JLB
– C’est un roman initiatique sur fond historique.
BBB
– Il est aussi question de l’exposition
universelle de San Francisco, bien moins connue en France que
celles de Paris au XIXe et début XXe siècle. Pourquoi en avoir
parlé ?
JLB
– J’ai eu connaissance de cette exposition dans un
livre, la Bible tchouktche ou le dernier chaman d'Ouelen, de Youri
Rytkhèou. En recherchant la documentation sur cette exposition, j’ai
été effaré par l’orgueil colonial en pleine guerre mondiale. J’y
ai donc placé mon personnage pour montrer l’impitoyable égoïsme
des colonisateurs.
BBB
– La défense de l’environnement est un sujet de plus en plus
discuté. Vous en parlez également dans ce roman dont l’histoire
nous semble si éloigné.
JLB
– L’histoire n’en est pas éloigné, puisque
l’environnement fait intégralement partie de la culture des
amérindiens. Respecter et soigner la terre, en se considérant comme
un de ses éléments, et non comme distinct d’elle en la dominant,
est une solution pour l’humanité puisse cohabiter avec ce qui la
fait vivre : oxygène, eau, végétaux et animaux ; ainsi,
l’individu, plutôt que de penser à lui-même, son propre intérêt,
devrait se relier avec tous les vivants et préserver
l’environnement.
BBB
– La
Révolution du Klezmer
et Le Chant
du Tambour
sont parus aux éditions 5
Sens. Je crois savoir que cet éditeur est important pour vous.
JLB
– J’ai découvert cette maison quand elle a accepté de
publier mon premier roman. J’ai apprécié le travail, tant par la
qualité de la relation que de la réalisation du livre. La
difficulté est qu’elle n’ait pas de diffuseur ; cela m’a
permis de vous contacter.
BBB
– En effet. Et c'était un plaisir d'échanger avec vous.
Merci.
http://www.bla-bla-blog.com/archive/2018/10/03/rencontre-avec-un-alter-artiste.html
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