Un pays, une communauté
La communauté
De la grotte des Korrigans au libre océanhttps://youtu.be/vhwf6UbvRw0
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Résumé
Laurent,
le douzième d’une famille pauvre de marins bretons, rebelle à son
éducation et extrêmement inhibé, aspire à vivre en communauté.
Dans ce pays, il traverse les saisons de l’introspection, du
dévouement, de la créativité, des actions et des découvertes,
durant lesquelles il sort de sa réserve. Il se heurte toutefois à
la dureté des relations mais aussi à leur riche originalité. Alors
qu’il se découvre être un artiste fécond, il se lie à une
personne dont il ne parvient plus à s’échapper.
Description
Une aubade à l’inspiration artistique qui transforme rencontres et difficultés en révélation profonde sur l’existence. Ce roman est une tentative d’interprétation non-exhaustive du sens de la vie commune dans une société qui pousse à l’individualisme. Bien qu’il relate mon expérience dans un petit pays, une culture chargée d’histoire et porteuse de nouveauté, elle est une pure fiction, tant pour les protagonistes que le lieu et évènements. Je l’ai écrite pour exprimer mon intériorité et remercier la source d’inspiration et d’improvisation qu’est la vie en communauté.
Extrait
Le
signe
Le
demi-cercle est prêt ; il attend les instruments, binious et
bombardes. Accrochés l’un à l’autre, les petits doigts
enroulent et déroulent les bras accoudés des danseurs. En se
dépassant sur la gauche, les sabots marquent trois temps et une
suspension ; sur place, ils font la même chose du pied opposé. La
mélodie change, c’est le signal pour retourner la danse. Après
avoir fait deux fois le pas de l’An-Dro, les villageois les
répètent sur place en levant puis en baissant les bras. Sitôt
fait, ils vont au centre en frappant des mains sur le troisième
temps, virevoltent sur l’épaule droite ; même pas vers
l’extérieur en achevant le tour. Et c’est reparti au bon vouloir
des musiciens.
***
«
Chers Erwan, je suis arrivé au Radeau. Je te livre mes premières
impressions. Tout d’abord, un sentiment d’étrangeté, voire
d’insolite. Un accueil décapant destiné à te décourager. Des
gens discutant longtemps, parfois en s’engueulant. Des enfants
délurés, t’interrogeant, te souriant ou t’envoyant des pierres
à l’arrivée. Des réunions interminables, d’où les
participants ressortent nerveux ou ébranlés. Des repas avec tout le
monde, expédiés en peu de temps. Les membres toujours affairés. Le
dortoir systématique, même s’il y a des chambres disponibles.
Enfin des soupers entre volontaires, à parler des engagés ou à
écouter les enseignements d’un gourou en herbe. Puis le travail te
happe pour la journée. Un océan de carottes à désherber, des
roches à enlever, des souches à arracher. Point de fouet pour les
esclaves, ni paroles, seulement la peur d’être jugé pour son
labeur mal fait. La nuit sur un matelas défoncé, enveloppé dans
des couvertures mitées, à entendre les ronflements de son compagnon
de chambrée.
Tu
peux constater mon enthousiasme délirant pour la communauté, à
moins qu’il relève d’un profond masochisme. Quand tu auras
terminé tes études, tu pourras me faire un bilan psychologique.
Mais ne t’inquiète pas, je ne reste qu’une
semaine,
dans l’espoir de comprendre quels sont les buts recherchés par le
collectif. Ton ami Laurent. »
Celui
qui marche entre ciel et terre est saisi par le mutisme des pierres,
émerveillé par les versants garnis de sapins émeraude qui tentent
leur ascension vers les hautes cimes blanches. Une percée dorée
laisse apparaître une tâche azurée, un rayon ambré se répand sur
l’adret fleuri de gentianes. Une ombre alarmante nappe l’ubac et
ses pâturages. Le soleil se fond dans la mer ivoirine. Le silence.
Montant
toujours plus haut vers le petit col conduisant vers des mazots
anciens, en bois sombre et massif, enfoncés dans la poudreuse mais
aux toits encore dénudés, Laurent marchait péniblement sur la
crête séparant les deux vallées. Il déblayait chaque roche
ensevelie dans l’oubli, afin d’y lire les marques jaunes qu’il
suivait depuis la plaine. La neige était tombée la nuit, assiégeant
la route en une immensité lactescente. Perdu, embrasé par
l’affolement, le cœur cognant sous sa poitrine
mouillée,
le marcheur balayait des yeux les passes argentées, à la recherche
d’une issue vers la sécurité. Pourquoi n’avait-il pas renoncé
? Par fierté, opiniâtreté ou bien par folie ? Il n’était plus
temps de s’en inquiéter, seul comptait la porte qui le mènerait
vers le chaud foyer du petit chalet, sa retraite de discernement. La
porte ? Deux traces dans la neige, longues et parallèles. Un skieur
solitaire glissant dans les vents de liberté ou bien un traîneau
imaginaire sur une route de lait ? Ce ne pouvait être des gamins, ni
même des bûcherons. Rassuré par la présence des
empreintes,
Laurent décida de suivre les lignes creuses qui menaient à un pas
surélevé. La piste se déroulait sous ses pieds, emportant au loin
effort, panique et désespoir.
Deux
cornes brunes se dressaient, droites et pointues, sur la brèche
entre des roches drues. Un chamois attendait l’humain perdu pour le
guider vers une issue. « Qu’est-ce que tu attends, viens, ne
traîne pas ! » C’était là ce qu’entendait le marcheur, avec
la sereine conviction que l’animal sauvage lui indiquait le chemin,
tels les dauphins qui, dans l’océan, déviaient les marins des
récifs pouvant les emporter par le fond. Un regain d’espérance,
une fontaine de reconnaissance jaillissant au tréfonds de
l’imprudent. Arrivé à cinquante mètres du sommet, le jeune homme
découvrit avec surprise que le chamois n’était pas seul ; son
clan était couché sur le pré baigné par le soleil printanier. À
son approche, les chèvres bondirent soudain en débandade, les unes
sur les pentes escarpées, les autres dans le pierrier au risque de
se fracasser les os. Le col était vide de la présence salvatrice,
toutefois il s’ouvrait sur une voie balisée. Réconforté, Laurent
s’enfonça jusqu’aux genoux dans la poudreuse et dégringola
entre deux saillies. Il admira au passage les monts scintillants
apparaissant derrière la crête. La nuit approchait. Il lui fallait
s’engouffrer dans le vallon, rejoindre le torrent tumultueux,
gagner les premiers mayens puis l’alpage, enfin la route le
conduisant au train. À l’aide de sa crémaillère, l’engin
l’entraînerait jusqu’au village. Les forces l’abandonnaient
dans le couchant du désespoir, il ne pouvait compter que sur
l’énergie de la volonté.
Derrière
une déclivité, un des chamois l’attendait, isolé de sa horde
pour achever ce qu’il avait entrepris : cueillir à nouveau le
pêcheur dans son filet pour le déverser hors du danger ? Son être
entier chantant la reconnaissance, Laurent salua le dauphin des
montagnes ; sans un geste, afin ne pas l’effrayer. L’éclaireur
cornu poursuivit sa route, en de multiples allers-retours, pour
s’assurer que son protégé le suivait sans s’écarter, puis il
disparut définitivement derrière les roches. Le randonneur aperçut
alors un large sentier bien entretenu qui plongeait dans le vallon
rocailleux. Les jambes flageolantes, il marcha mollement sur un tapis
de crocus défiant la neige fondue, jusqu’à des raccards utilisés
l’été pour la saison d’alpage.
Assis
sur un banc ensoleillé, Laurent respira les rayons chauds qui
dardaient sur son torse moite. Il laissa son corps se détendre et
s’accorder avec la nature bruissante du chant des choucas, à
l’unisson avec le grondement de l’eau tourbillonnante d’écume.
Les yeux clos, il pensa à ses projets. Des images joyeuses se mirent
à danser devant lui ; il les confia à la brise légère soulevant
ses cheveux roux, épais et brillants, séchant la sueur qui perlait
sur son visage souriant, lui murmurant des chants d’harmonie. Il se
parla à lui-même.
«
Le chamois est apparu alors que tout mon être tendait à la survie,
j’ai maintenant la certitude que je dois lâcher la résistance et
avancer dans la vie. Oui, je retourne pour un temps à la communauté
! »
Laurent
sentit une présence à ses côtés. Il se retourna machinalement
vers les cimes. L’animal était là, à deux cents mètres de la
cabane, fixant son protégé. « Va maintenant, tu es sauvé. »
Laurent observa la bête brune et blanche s’éloigner. Un clin
d’œil de la nature. Non pas un miracle, mais un signe qui lui
avait permis d’improviser dans les difficultés. La quiétude. Les
dégradés jades et flamboyants d’avril se fondaient en un
feu orangé, il était temps pour le voyageur de rentrer avec,
désormais,
le réconfort de la paix.
https://christelleherveetleslivres.wordpress.com/2019/08/09/059-un-pays-une-communaute-de-jean-luc-bremond/
https://lalectricecompulsive.home.blog/2019/08/18/un-paysune-communaute-de-jean-luc-bremond-service-presse/
http://lesmilleetunlivreslm.over-blog.com/2019/10/un-pays-une-communaute-jean-luc-bremond-le-lys-bleu-editions-par-cathy-le-gall.html
Critiques
https://www.babelio.com/livres/Bremond-Un-pays-une-communaute/1153459/critiques/1961411
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Aujourd’hui, nous plongeons dans les contrées bretonnes à la découverte de la vie d’un nouveau personnage atypique, Laurent.
RépondreSupprimerCôté plume, il s’agit d’une œuvre littéraire profonde et travaillée d’une main de maître. Je recommande donc ce livre aux artistes et aux fans d’histoires d’amour sortant des sentiers battus.
De plus, l’auteur semble avoir mis l’accent sur le rythme des saisons pour étoffer son champ lexical à chaque chapitre. Cette méthodologie littéraire rend ce livre cadencé et très agréable à lire.
Côté personnages, j’ai pu découvrir Laurent, sa famille et ses amis. Il s’agit d’un être dévoué, passionné et plein d’empathie ce qui le rend particulièrement attachant.
Artiste, j’ai trouvé qu’il s’abandonnait totalement à la création. J’ai également apprécié l’introduction du genre épistolaire dans ce livre. Ces correspondances m’ont d’ailleurs rappelé celles introduites dans La voie de l’errance. Elles permettent de voyager et de mieux comprendre les liens qu’entretiennent les différents personnages.
Je trouve que cette histoire touche un peu plus au vécu de l’auteur, lui aussi adepte d’art et de vie en communauté.
Cette œuvre courte mais riche mérite vraiment un 19/20 et c’est sans aucun doute mon livre préféré de cet auteur. Mon seul regret est l’absence d’un lexique définissant certains termes comme le mot « chiourme ».
Encore merci pour cette magnifique découverte littéraire.
Oriana