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Actualité sur mes romans de quête

Dernière actualité sur mon roman l’arbre turquoise

Actualité sur les romans de Jean-Luc Bremond

Actualité sur l’édition

Deux romans sont en cours, dont un corrigé.

L’arbre turquoise

C’est l’histoire d’une famille russe et anabaptiste, proche du mouvement pacifiste de Tolstoï. Ivan, Rachel et Mikhaïl, imprégnés de commun, fuient la guerre civile, plus tard qu’ils ne l’escomptaient, pour trouver une terre de paix. Ce faisant, de rencontres en péripéties, en piétinant plus que de raison, ils parviennent à leur but ; au-delà de la liberté à laquelle ils aspiraient : une voie de réconciliation.

Actualité

J’ai eu l’occasion de côtoyer des Anabaptistes et je suis engagé sur la voie de la non-violence. Tolstoï est présent tout le long du roman, par des citations et des réflexions d’Ivan et de Rachel. Le roman s’achève dans le pays de ma compagne et les racines de mes enfants.

Romans de Jean-Luc Bremond

Actualité : quelques extraits

Première citation

Caucase

« La formule morale, la plus simple et courte, c’est de se faire servir par les autres aussi peu que possible, et de servir les autres autant que possible. D’exiger des autres le moins possible et de leur donner le plus possible ».
Lev Nikolaïévitch Tolstoï


Printemps 1924
Serrés majestueusement en des bataillons de soldats désarmés, les arbres ployaient sous la neige
abondante ; tels des vigies vaincues. Leurs feuilles fécondaient les terres labourées par les villageois
alentour. L’extrême froid était resté dans les steppes casaques et en astrakhanes, arides, neigeuses ou
pluvieuses selon les caprices du temps. Après avoir traversé le pays des Kalmouks, les Mongols, jadis à l’Ouest de leur conquête et maintenant immigrés en nombre du fait de leur ralliement aux Russes blancs, le convoi atteignait le Caucase ; à nouveau la Russie. La douceur et la verdure du printemps gonflaient les rivières en des grognements assourdissants.

Ivan, le dos tourné à la chaîne de montagnes coiffées de crème, regarda le guide se fondre au Nord, vers une dépression pour ne pas être repéré. À ses côtés, les camarades s’accolaient ou s’embrassaient ; certains faisaient le guet pour surveiller des troupes armées. Un chant tzigane et russe sortit des rangs ; un murmure
poignant. Les larmes roulèrent sur les visages burinés. Tels des ruisseaux, elles rejoindraient la mer trouble et incertaine de la clandestinité. Les réfugiés se dispersèrent selon l’itinéraire préalablement fixé. Après avoir longtemps gardé la main en l’air, jusqu’à ce que disparaissent ses frères d’exil, Ivan détourna le regard vers la grande plaine où il se rendrait bientôt avec les siens et ses alliés.

Actualité roman de Jean-Luc Bremond

Deuxième citation

La roulette

« Ma ferme conviction que ce que je fais n’est ni une chose inutile, ni un mal, mais un bien pour les autres, et, à cause de cela, la condition principale de mon bonheur».
Lev Nikolaïévitch Tolstoï


Automne 1924
En observant la cité portuaire s’éloigner, un amas de maisons, embarcadères, hangars en travaux, bateaux de pêcheurs, marchandises et fûts de pétrole sur l’appontement, Rachel ressentit dans son ventre l’amarre qui la retenait au quai.

Tantôt, malgré la puanteur du mazout, sa famille et elle avaient pris possession d’une cabine de six couchettes, dont trois déjà prises, avec un accès aux sanitaires. Les Mendelssohn en occupaient une à eux seuls. Ivan avait inauguré, en compagnie de David, le fumoir destiné aux troisièmes classes. Dans peu de temps sonnerait la cloche du repas.

Rachel plongea ses yeux bleu-gris dans la longue traînée turquoise moussant de blanc l’étendue aigue-marine. Elle perçut, dans cette voie colorée, un appel à la suivre jusqu’au bout. Une conviction bouleversante, tant elle était forte et nouvelle. Plus le sillage s’élargissait, plus sa poitrine, jusqu’alors enserrée par l’impossible avancée, s’ouvrait au changement. Une série de déconvenues.

Le lendemain de leur arrivée à Paris, la nuit blanche à se mordre jusqu’au sang à attendre Ivan ; pour découvrir qu’il avait joué à la roulette russe leur avenir de réfugiés. Le logement étriqué, rue du Point-du-Jour, à se serrer à trois foyers ; sans nature pour s’échapper. Des tensions heureusement allégées par son éphémère travail à Colombes et dans un hôtel Porte de Saint-Cloud, qu’elle avait pu conserver jusqu’au départ pour la Normandie. Puis, le bref séjour dans le dortoir surpeuplé de Cherbourg et les formalités douanières les retenant faute d’avoir un passeport Nansen établi en France ; mais à l’ambassade de Turquie, pays d’où ils étaient
officiellement partis. L’appareillage prématuré du paquebot George Washington les laissant sur le
quai. Enfin, le transit par le Havre, avec les quelques francs et dollars mettant à mal son sens de l’économie.

Romans de Jean-Luc Bremond l'arbre turquoise

Troisième citation

Swing

« Une seule chose me semble nécessaire : répondre, mais avec une entière franchise, aux questions posées par l’enfant ».
Lev Nikolaïévitch Tolstoï


Été 1925
Le torse mouillé, Mikhaïl s’extirpa de son duvet tâché du foin fraîchement coupé. Des coqs de bruyère bondirent depuis la forêt. À leur suite, des perdrix explosèrent en un bouquet de cris. La lourdeur et la légèreté réunies en gerbe de gloussements. Des traits sombres et blancs dans le ciel indigo. En les observant, le garçon ressentit l’angoisse laissée la veille. Elle ne le lâchait plus depuis
son départ de Brooklyn, à trente kilomètres de là. Six mois précieux au deuxième étage d’un building surpeuplé donnant sur une large avenue très passante, à proximité de l’océan.

Alors que la paix de l’aube desserrait peu à peu l’étreinte de la peur, Mikhaïl se remémora les jours heureux dans le petit appartement commun de « Little Odessa. » Les enfants n’y voyaient guère leurs parents. Au réveil, leurs mères étaient déjà parties travailler à Manhattan ; Rachel dans une usine de confection de vêtements et Annah dans une fabrique de chapeaux. Leurs pères trépignaient le jour. Ils bravaient la nuit et la mafia locale gérant les bars clandestins en quête de petits boulots journaliers. Les gosses se rendaient à l’école sous la surveillance d’Aaron et de Fishel, jusqu’à ce qu’ils les abandonnent pour faire la plonge dans un restaurant russe. Ils jouaient jusqu’à tard le soir, avant que leurs mamans, trop lasses pour crier, annoncent l’extinction des feux. Aux beaux jours, à la sortie de classe, ils attendaient leurs aînés pour une virée sur la plage et les manèges de Coney Island.
L’horloge bien réglée rythmait la détente et sonnait le bonheur, jusqu’à ce que ses géniteurs arrêtent le balancier. Depuis lors, aucun mot de réconfort ni d’explication. Un vent glacial de silence et de disputes inquiétantes, accrues depuis leur arrivée sur le continent. Avant qu’ils ne fussent pris dans la course à l’argent, ses parents avaient pourtant retrouvé la paix dans les danses ; certes pas les valses des moissons ou le swing sous les balles et les obus, mais des shimmy, charleston, black-bottoms, big-apples aux sons des pianos, banjos, guitares, trompettes, trombones et saxos. Ils s’étaient fait des amis avec lesquels ils sortaient souvent à la recherche d’un samovar pour échanger sur le bon vieux temps. Comme ce buveur invétéré de vodka noyant la disparition de son épouse et
de ses cinq marmots lors de la révolution ; cela malgré la prohibition.

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